C’est une bien triste nouvelle qui nous est parvenue vendredi 19 juillet dernier. Un troupeau de 19 bisons qui s’était échappé du domaine de la Sasse, à Mégève en Haute-Savoie, a été abattu pour éviter tout risque d’accident avec les riverains.
Il est encore difficile d’expliquer comment ces bisons, sans doute avides de liberté, ont réussi à sortir de leur enclos. Divaguant dans la nature, loin des habitations, les autorités (le Préfet, donc le représentant de l’Etat), ont tout de même estimé qu’ils représentaient un danger pour toute personne qui aurait été amenée à les croiser. Fallait-il pour autant procéder à une tuerie ne laissant aucun survivant?
Le bison est en effet un animal imposant pouvant peser jusqu’à 1000 kilos. Pour autant, le bovidé n’est pas agressif si on le laisse en paix, comme la majorité des animaux.
Mais cet épisode souligne également une problématique plus vaste : est-il bien raisonnable de garder de tels animaux en captivité en vue de les servir en repas, comme proposé par le domaine de la Sasse? Car c’est le destin qui attendait ces majestueux animaux, s’ils n’avaient pas été abattus prématurément pour raisons de sécurité (*). Or, les bisons nécessitent protection en tant qu’espèce sur-chassée dans le passé.
Quasiment disparus de nos contrées au début du siècle, les derniers spécimens de bisons d’Europe (Bison bonasus) s’éteignent en 1927 en Pologne. Les rares survivants vivent depuis en captivité.
Des programmes de réintroduction des bisons permettent peu à peu de redonner à l’espèce un espoir. En Allemagne, en Roumanie et en Pologne, les essais semblent concluants, les bisons parcourent aujourd’hui de vastes territoires, permettant le « rewilding » c’est à dire le ré-ensauvagement de certaines zones inhabitées et la restauration d’écosystèmes harmonieux.
En Azerbaïdjan, le programme cofinancé par le fonds de dotation Thoiry Conservation et WWF Allemagne et WWF Azerbaïdjan a pour objectif est de porter la population de 400 à 500 individus. N’est-il pas préférable d’imaginer ces majestueux animaux en liberté plutôt que dans une assiette? A chacun de prendre ses responsabilités – et faire les bons choix de consommation – face à cette problématique.
(*) Selon France 3 Auvergne Rhône-Alpes, Les conditions d’élevage et d’abattage des animaux avaient fait l’objet de démêlés judiciaires entre l’éleveur Dominique Muffat-Méridol et la préfecture, cette dernière soutenant que les bisons devaient être tués dans un abattoir agréé. Par deux fois, des arrêtés ont été pris pour déclarer la viande « impropre à la consommation », suspendant l’activité du restaurant. Mais la justice a toujours donné raison à Dominique Muffat-Méridol qui avait dénoncé un acharnement des services de la préfecture. Ces attaques administratives à répétition visent-elles à fermer le restaurant afin de récupérer les terres ? Le débat est en cours.