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Respectons tous les êtres sentients

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Article rédigé le 2 février 2019 pour le REV

Ce samedi 2 février, se tient la journée mondiale de l’intelligence animale. L’occasion de rappeler que les animaux non humains qui partagent la planète avec nous doivent être considérés à leur juste valeur : des êtres sensibles qui ne méritent nullement le traitement que l’humanité leur inflige actuellement.

Initiée par Yolaine de la Bigne, journaliste et fondatrice de L’animal et l’Homme, cette journée qui a vu le jour la première fois en 2018 mérite d’être saluée. Elle permet de mettre en lumière les découvertes scientifiques récentes qui révèlent l’intelligence des animaux, leurs talents, leur empathie « et même leur sagesse », précise le programme de la journée, organisée en partenariat avec la Cité des sciences et de l’industrie à Paris.

Les médias en parlent de plus en plus, on évoque régulièrement des découvertes en « cognition évolutionniste »  qui bouleversent le regard que nous portons sur les animaux, qui sont donc loin d’être « bêtes » comme on les a trop souvent catégorisés. 

De Descartes aux éthologues contemporains

N’en déplaise à Descartes, on sait aujourd’hui que les animaux ne sont ni des machines, ni des robots privés d’émotions, même s’ils n’ont pas le même langage que nous ou la même taille de cortex cérébral. Après les avoir négligés pendant si longtemps, de nombreux scientifiques s’accordent aujourd’hui pour dire que les animaux sont dotés de conscience, et de ce qu’on appelle sentience.

La sentience, au sens large du terme, est la capacité à expérimenter, à sentir. Le microbiologiste américain James Shapiro n’hésite pas à dire que « les cellules et les organismes vivants sont des entités cognitives (sentientes) qui agissent et interagissent délibérément en vue de leur survie, leur croissance ou leur prolifération ». Le neuroscientifique Antonio Damasio va dans le même sens. Les plantes pourraient-elles donc aussi, être sentientes, au sens large du terme ? Pas impossible selon ces scientifiques, qui rappellent qu’elles sentent les changement de leur environnement et mettent en place des stratégies extraordinaires pour se défendre. 

Si nous ne savons pas exactement comment chaque zone du cerveau contribue à former la conscience, les éthologues ont observé que les animaux qui sont capables de sonder consciemment leur mémoire et leur expérience, de résoudre des problèmes, ont aussi la capacité de reconnaitre les altérations du corps que nous appelons émotions.

Emotions humains, émotions animales

Jaak Panksepp, un neuroscientifique estonien auteur d’un ouvrage sur les neurosciences affectives, estimait qu’il existe un continuum entre les émotions humaines et les émotions animales. Il a été critiqué par les tenants du « behaviorisme » pour ses travaux audacieux, car le débat sur la conscience animale cache un problème qui met mal à l’aise : ce que l’humanité inflige aux animaux. 

Les chiffres impliquant de la souffrance animale sont toujours plus vertigineux, malgré une légère baisse de la consommation de produits carnés dans les pays occidentaux. Les poissons ne sont pas épargnés, alors que d’un point de vue physiologique, les poissons sont très proches des mammifères : ils sont sensibles aux évènements choquants (réagissent par des poussées d’adrénaline) et s’ils sont harcelés ou bousculés, on observe des niveaux de cortisol plus élevés dans leur corps. La dépression des poissons est aujourd’hui étudiée, et bien réelle (voir les travaux de la chercheuse britannique Victoria Braithwaite), pourtant nous continuons à les considérer comme des animaux « sous évolués », alors que nous les sous-évaluons…

Même si la science commence à peine à se pencher sur ces questions, nous en apprenons chaque jour un peu plus : ces découvertes invitent à l’humilité et au respect du Vivant qui ne demande qu’à survivre dans un environnement rendu hostile par l’homme. Si les animaux sont des êtres qui sentent, ce qui est bien le cas, nous sommes obligés de prendre en compte leur situation et leur souffrance. Il est donc légitime de se battre pour que de l’obligation morale, nous passions à l’étape de l’action concrète en changeant drastiquement notre mode de vie.