Le 21 juillet dernier, s’est tenue une corrida dans les arènes fraîchement rénovées de Lunel (Hérault). L’occasion pour les militants de la cause animale de rappeler leur franche opposition à cette tradition cruelle.
C’est le cas de Sabrina Djordjievska, une militante de 31 ans, qui a pris son courage à deux mains pour se fondre parmi les spectateurs afin de photographier l’agonie des taureaux sous les banderilles. Elle fait le récit de son expérience douloureuse sur Facebook, et ses photos ont fait le tour du web. Voici quelques extraits de son témoignage.
« En scrutant le public, j’y ai aperçu beaucoup d’enfants en bas âge, suivis d’adolescents, de trentenaires, de personnes matures et plus âgées. »
« Ils ont ouvert le toril qui se trouvait face à moi. Le taureau à mis plusieurs longues secondes à en sortir. Il était magnifique. Magnifique, et complètement perdu. (…) Il ne comprenait rien à ce qui était en train de se passer et ne savait pas encore qu’il avait signé son arrêt de mort. »
« J’ai été totalement désarmée face aux cris et aux appels au secours de ce premier taureau. Je ne saurais pas décrire ce bruit, c’était effarant, effrayant, ahurissant, s’en ressentait dans ces poussées de voix, une profonde détresse. Personne n’y entendait là un appel à l’aide, ni même s’y attachait. Je souhaitais que ce supplice s’arrête et qu’ils l’achèvent au plus vite. »

« Ils ont poussé le vice jusqu’à faire apparaitre des fleurs rouges sur le dos du taureau, au milieu du sang coagulant. Sébastien Castella, après avoir torturé cet animal, lui à généreusement incisé l’oreille. Il est resté quelques minutes dans des poses les plus insultantes les unes que les autres, puis a terminé sa mascarade en jetant cet organe à un enfant au sein du public. »
« Aux taureaux, ces martyrs (..) : J’ai subi votre supplice avec vous, en temps réel. Vous étiez mes héros. J’ai vu que vous ne vouliez pas combattre. J’ai vu que vous n’étiez que désintéressés de toute cette mascarade. J’ai vu que vous ne vouliez faire de mal à personne, ni même à ceux qui s’acharnaient à vous détruire. »

De plus en plus de citoyens s’opposent à la corrida, et ne comprennent pas que les mairies continuent à financer ce « spectacle » avec leurs impôts. Pour le cas de Lunel, la rénovation de l’arène a coûté 10 millions d’euros.
Que disent les textes de loi ?
L’article 521-1 du Code pénal, section Crimes et Délits, dispose en son alinéa premier que « le fait, publiquement ou non, d’exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende ».
Ceci étant posé, on pourrait croire que la corrida, qui consiste donc à torturer publiquement un taureau, entre sous le coup de cet article. Mais, hélas, la loi Ramarony-Sourbet du 24 avril 1951 a posé une exception à ce principe en ajoutant un alinéa 7 (anciennement alinéa 3) à ce même article 521-1 du Code pénal qui précise que « les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être établie ».
Une course de taureaux signifie en réalité un spectacle en arène impliquant la mise à mort des animaux. La corrida est donc illégale partout sur le territoire national, sauf dans les départements du sud du pays concernés par cette exception …
Cette même exception que nous jugeons obsolète est posée s’agissant de l’exercice volontaire de mauvais traitements sans nécessité, que l’on retrouve à l’article R. 654-1, et lorsque la mort est donnée volontairement sans nécessité, à l’article R. 655-1.
Le juge Gérard Charollois, Président de la Convention Vie et Nature pour une Ecologie Radicale, estime que « pour le législateur l’énoncé même d’un fait justificatif révèle qu’il range la corrida au nombre des actes de cruauté puisqu’une dérogation à la prohibition de ces actes a été expressément édictée à l’instigation des parlementaires des localités concernées par une pratique qui suscite de telles passions que les raisonnements des magistrats s’en trouvent un peu « altérés ». «
En juin 2015, les juges de la Cour administrative d’appel de Paris ont estimé que « la décision d’inscription de la corrida à l’inventaire du patrimoine immatériel de la France doit être regardée comme ayant été abrogée ». Mais la menace plane toujours. Par exemple Nîmes, considérée comme capitale française de la tauromachie, est candidate à l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Une pétition circule toujours pour s’opposer à cette velléité.
Selon un sondage IFOP de mars 2017 commandé par l’Alliance anti-corrida, « l’attachement à la tauromachie, dans les départements dits « de tradition taurine », n’est qu’un mythe soigneusement entretenu« . En effet, il apparaît que 75 % des personnes interrogées plébiscitent l’abolition des corridas. Chez les 18-24 ans, la proportion augmente considérablement puisque 81 % des jeunes sont aujourd’hui favorables à l’abolition.
Il n’y a donc plus beaucoup de raisons de vouloir maintenir à tout prix une tradition cruelle et démodée, moralement inacceptable. Il convient de s’interroger d’urgence sur la présence d’enfants, comme l’indique le témoignage de Sabrina, à ce spectacle d’une d’une rare violence, qui banalise la torture, la souffrance, ainsi que la mise mort d’un animal. Ce que bon nombre de pédopsychiatres dénoncent formellement…