Ecologie, Point de vue

«L’écologie, d’accord, mais moi je n’ai pas envie de perdre en confort de vie»

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Cette phrase, entendue récemment de la part d’une personne de mon cercle proche, mérite que l’on s’y penche quelques instants. Comment peut-on espérer changer le monde sans sortir de sa zone de confort?

Tout le monde ou presque est à peu près d’accord sur un constat : les indicateurs sont au rouge concernant la santé de nos écosystèmes. Les forêts brûlent (en 2021, la forêt amazonienne ne pourra plus générer de pluie pour assurer sa survie), le réchauffement climatique s’accélère, les espèces disparaissent, des virus nous menacent, et tout cela est dû à l’activité humaine. Même si ces faits ne font pas toujours la Une des journaux, on en parle tout de même plus qu’il y a quelques années, il est donc difficile d’ignorer les alertes des scientifiques.

On sait aussi que les pays les plus développés sont les plus consommateurs de ressources. « 20 à 30 % de la population mondiale consomme 70 à 80 % des ressources tirées chaque année de la biosphère. C’est donc de ces 20 à 30 % que le changement doit venir » estimait déjà le journaliste Hervé Kempf en 2007 dans son ouvrage Comment les riches détruisent la planète.

Droit dans le mur?

Mais voila, les « responsables » n’ont aucune envie de renoncer au confort acquis, ou de revenir en arrière « à l’âge de pierre ». En effet, quand on est dans sa zone de confort, on se trouve dans un état psychologique dans lequel on se sent à l’aise car on peut garder le contrôle tout en éprouvant un faible niveau de stress et d’anxiété. Sortir de cette zone est désagréable, donc peu aiment le faire.

On ne va pas se mentir, pour la grande partie d’entre nous prendre l’avion c’est plus rapide et plaisant pour aller au bout du monde, arrêter de manger des produits animaux ce n’est pas toujours facile, ou renoncer à un 2e ou 3e enfant pour des raisons écologiques, très peu sont près à franchir le pas. De façon moins radicale, pour beaucoup, consommer, c’est se faire plaisir.

Mais comment faire comprendre à la minorité aisée que l’augmentation de la consommation matérielle n’est plus associée à une augmentation du bien-être collectif ? Bien au contraire, elle nous mène droit dans le mur, et l’épisode Covid 19 pourrait être un petit aperçu de ce qui nous attend si nous ne prenons pas ce virage radical indispensable… Si nous voulons continuer à profiter de l’abondance de la vie, autant la préserver, et pour cela, se faire un peu violence tout de même.

Se préparer au manque de confort

Aujourd’hui, de nombreux experts s’accordent pour dire que le maintien d’un réchauffement en dessous des 2°C est quasiment hors de portée et que nous nous dirigeons vers une hausse de 3°C, voire 5°C. Cela signifie que nous allons vivre des moments extrêmement pénibles, avec des températures difficilement supportables, voire invivables !

Et si tout cela arrivait beaucoup plus vite qu’on ne l’imagine ?

Alors il y a ceux qui s’activent pour un monde meilleur, ceux qui n’ont pas la possibilité de changer pour diverses raisons (précarité) ou encore « ceux qui ne font rien, et n’ont jamais rien entrepris d’autre que l’assouvissement de leur confort personnel, mais se permettent tout de même de caricaturer celui qui tente d’entrevoir une position écolo, dans le système-monde qu’il aimerait participer à rendre pérenne« . Comme il est confortable de moquer celui qui tente le maigre effort ! La position de ceux-là est proche du climato-négationnisme : se bander les yeux et sourire de celui qui voit. (Mediapart )

Les plus âgés d’entre nous espèrent secrètement ne plus être là pour assister au désastre, « après moi le déluge »! Voilà qui n’est pas très solidaire avec les générations actuelles et futures. Mais il est hélas probable que les difficultés nous arrivent de plein fouet d’ici peu. Alors autant s’y préparer!

Simplifier nos vies

Chez les plus aisés, qui sont aussi les plus gros émetteurs de CO2, la vie se consomme en version grand écran. Si on a travaillé dur (ou pas), il est normal, voire souhaitable de dépenser son argent pour se construire une vie rêvée. Luxe, si ce n’est gabegie, au quotidien, peu importe le coût environnemental de ce confort personnel, il est comme « dû ».

Pourquoi ne pas essayer de simplifier ces modes de vie consuméristes, en les réorganisant autour d’autres valeurs que la possession, le paraître, la consommation débridée ?

Certains font le choix de réinvestir les campagnes abandonnées pour y mener des projets de vie davantage en adéquation avec leurs aspirations. Et si sortir d’un système qui n’est bon pour personne était la solution? Se reconnecter avec le Vivant, c’est être en contact quotidien avec l’herbe sous nos pieds, les arbres qui nous entourent, les animaux sauvages et domestiques sans lesquels nous ne pourrions vivre. Comment être sensible à cette harmonie si l’on vit coupé de cette réalité?

Privilégier des loisirs moins gourmands en ressources ne signifie pas être malheureux et manger des cailloux. Jardiner, lire, bricoler, méditer, retrouver des amis, marcher dans la nature, prendre soin des autres (humains et animaux) sont des activités qui permettent de s’épanouir au quotidien et de se poser les bonnes questions : que cherchons-nous à compenser en entassant les biens matériels? De quoi avons-nous peur? Les barrières ne sont-elles finalement pas que mentales?

Et si le confort c’était d’éprouver de la gratitude au quotidien?

La notion de confort n’est pas la même pour tout le monde. Mais nos besoins profonds peuvent être respectés si nous nous écoutons. Et rarement notre petite voix intérieure nous dira « achète ce truc dont tu n’as pas besoin, ça te rendra vraiment plus heureux » !

C’est à cela que sert l’intuition. Nous aiguiller dans nos choix, pour notre plus grand bonheur. Commençons déjà par trouver le Verbe de notre vie (voir notre article), partir d’un emploi qui ne nous ressemble pas par exemple, ou encore éprouver de la gratitude tous les jours.

Se tourner vers les autres

L’altruisme, l’engagement, l’envie d’être utile et authentique rend optimiste. C’est ce que montre une étude publiée il y a quelques années : les personnes participant à la vie d’une association font preuve de plus d’optimisme que le reste de la population.

Malheureusement tout le monde n’a pas le goût des autres et préfère garder son temps libre pour cultiver son seul confort personnel. C’est un choix qui n’est pas à juger, les neurones miroirs, responsables de l’empathie, ne fonctionnent pas de la même manière pout tout le monde. Mais n’est-ce pas en essayant que l’on apprend?