Ecologie

Le monde de demain?

Cela ne vous aura sans doute pas échappé, l’expression « monde de demain » fleurit dans les médias alors que la crise du Covid-19 continue de faire rage. Mais qu’est-ce que cela signifie? Quel monde voulons-nous vraiment pour l’après crise? Attention à ne pas confondre capitalisme vert, et véritable renouement avec la nature. Article pour Les Bienveilleuses.

Il y a deux ans, lorsque nous évoquions les contours de ce qui allait devenir Les Bienveilleuses, nous étions loin d’imaginer qu’un virus redoutable mettrait à plat les habitants de la planète entière.

Nous étions cependant toutes les trois conscientes que notre chère planète terre était à bout de souffle, et depuis déjà de nombreuses décennies. Quel signal allait-elle nous envoyer pour nous remettre les idées en place? Des incendies à répétition, accentués par le réchauffement climatique ? Une période glaciaire soudaine ? Des tsunamis répétés et destructeurs? Nous avions déjà eu quelques signaux de ce genre…

Or voilà qu’aujourd’hui nous faisons face à un virus aussi virulent qu’inattendu, qui a laissé les dirigeants complètement pantois devant sa fulgurante ascension.

Alors que nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge, nombreuses sont les voix qui commencent à s’élever, s’autoproclamant les nouveaux leaders du « monde de demain ».

Cette expression, nous l’avions en tête bien avant la crise du Covid-19. Tout simplement car nous sentions intuitivement, chacune avec notre sensibilité et notre expérience, que le monde allait devoir changer, de gré ou de force. Mais changer comment?

Les effets du confinement

Pour toutes les personnes confinées en ville, dans un appartement, sans possibilité de se reconnecter à l’essentiel, c’est à dire à la nature, il est actuellement normal de se tourner abusivement vers internet et ses réseaux pour maintenir le lien.

Durant cette période, « le volume de data que supportent les réseaux ne cesse de croître, et on ne sait pas où ça va s’arrêter. Donc on continue à augmenter les capacités, à puiser dans les réserves mais celles-ci ne sont pas infinies », prévient Jean-Luc Vuillemin, directeur des réseaux, infrastructures et services internationaux d’Orange, interrogé par Sciences et Avenir.

D’un côté on découvre qu’il est tout à fait possible d’être efficace en télétravail pour les professions qui le permettent, de l’autre, cela précipite la volonté des opérateurs de mettre en place la 5G, voire la 6G, très controversées. Est-ce cela, le monde de demain, mettre en place des technologies dont on ne sait si elles ne sont pas néfastes pour la santé humaine et l’équilibre magnétique terrestre? Plutôt que de se précipiter tête baissée vers ces innovations, ne ferait-on pas mieux d’appliquer le principe de précaution?

Et les réactions d’après

Quelle sera la réaction première de ces confinés une fois la liberté retrouvée? Une consommation frénétique, irréfléchie, compensatoire? Cela dépendra certainement du caractère de chacun et de la façon dont nous avons vécu cet épisode.

Pour ceux qui ont la chance de vivre à la campagne, ou qui ont un accès à un jardin, la crise ne sera sûrement pas vécue de la même façon. Les bienfaits du jardinage sont connus depuis longtemps, cela réduit l’anxiété. Le contact avec la terre, les plantes, la biodiversité, apaise, fait du bien, ouvre le coeur et l’esprit. Il est à parier que le ralentissement imposé par ce virus incitera ceux qui avaient déjà cette « fibre naturelle » en eux, à la développer davantage, à se tourner par exemple vers le travail qui relie, initié par Joanna Macy.

De quel « demain » parle-t-on?

Il y aura vraisemblablement beaucoup d’opportunismes dans l’après-crise, même s’il est encore un peut tôt pour se prononcer. Certains élus, qui n’ont jamais eu de penchants écologiques, se montreront sûrement très enclins à étaler leur nouveau goût pour la nature, reprendront probablement des slogans chers aux décroissants comme le fameux « moins de biens, plus de liens »… Mais seront-ils sincères? On a déjà vu beaucoup de prétendants politiques repeindre en vert leur programme, sans voir de résultat tangible dans les politiques appliquées par la suite. Pire, certaines mesures présentées comme « écologiques » visent en fait à promouvoir une autre forme de capitalisme, là aussi repeint en vert.

Selon nous, seule la sincère reconnexion à la nature, à l’essentiel aura du sens. Revoir totalement notre consommation : plus que jamais, privilégier la production locale, l’économie collaborative, et pourquoi pas se découvrir de nouvelles vocations (maraicher en permaculture par exemple?) N’est-il pas grand temps de se débarrasser de toute forme de publicité incitant à vendre des produits néfastes tant pour nous que pour la planète?

Ecoutons les animaux

De la même façon, il est grand temps de revoir notre rapport aux animaux. Cette crise ne provient-elle pas des effets dévastateurs de la déforestation, de l’élevage intensif, de la consommation d’animaux? Les experts nous donneront le fin mot de l’histoire, mais c’est ce qui se dessine.

Les animaux ont autant le droit que nous de vivre en paix sur cette planète à bout de souffle. Apprenons à les regarder comme ils sont : des individus avec chacun leur caractère, leur sensibilité, leur envie de vivre. Ecoutons ce qu’ils ont à nous dire, sans jugement et sans anthropomorphisme.

Tirons humblement les conclusions de ce qui nous arrive, et ayons la justesse de revoir notre rapport avec tous les êtres vivants, car nous sommes finalement tous reliés. Ce fragile écosystème doit à tout prix être équilibré, au risque de voir ce genre de virus se répéter, inlassablement, jusqu’à ce que nous comprenions enfin le message.