Animaux sauvages

Une vie meilleure pour Sandra l’Orang-Outan

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Orang Outan enfermé (ce n'est pas Sandra)

Sandra est une femelle Orang-Outan au statut particulier. Elle a en effet été reconnue comme une personne. Ou plus précisément comme « un être sensible et un sujet non humain ayant le droit à la liberté » par un tribunal argentin en 2015. Afin de bénéficier de meilleures conditions de vie, l’orang-outan aujourd’hui déprimée va vivre dans une réserve en Floride.

Sandra est née en 1986 dans un zoo en Allemagne. Elle a vécu toute sa vie en captivité, rejetée par sa mère, dans la plus grande solitude. A à 33 ans, elle mérite amplement de couler des jours heureux dans un espace convenable. C’est ainsi qu’elle rejoint en ce moment une réserve de 40 hectares située à Wauchula, en Floride, où vivent des orangs-outans venus de divers pays et provenant de cirques ou de zoos.

Singe en dépression

La chaire de Bien-Etre Animal de la faculté vétérinaire de l’Université de Buenos Aires a constaté la déprime de Sandra, qui vivait à Buenos Aires depuis 1994, dans un zoo transformé en « écoparc » ne garantissant pas le bien-être des animaux locataires, les mettant même en danger. Pour l’instant, seule Sandra, unique représentante de son espèce en Argentine, a été transférée en raison de son statut particulier.

En effet, son histoire avait fait grand bruit sur la scène internationale dès 2014. L’Association des fonctionnaires et des avocats pour les droits des animaux (Afada) considérait que la situation de Sandra, “enfermée dans une cage en ciment”, était inacceptable. Devant les tribunaux, l’association réclame que l’on cesse de la considérer comme un “bien” ou un “objet”, comme le dispose le Code civil et commercial argentin. C’est ainsi que la juge Elena Liberatori, très progressiste, rend une décision inédite le 21 octobre 2015 : Sandra est reconnue comme « sujet de droit » (et non plus comme un « objet »), et la ville de Buenos Aires, propriétaire du zoo et donc de la guenon, a alors l’obligation de lui garantir « les conditions de son habitat naturel et les activités nécessaires à la préservation de ses facultés cognitives ».

Une personne « non humaine »

Sandra a donc été reconnue comme personne non humaine, habilitée à former un recours en Habeas corpus, la procédure grâce à laquelle tout détenu peut exiger de comparaître devant un juge pour qu’il statue sur la légalité de sa privation de liberté. C’est inédit!

Pour autant, la question du sort de Sandra suite à ce jugement n’a pas été facile. Malheureusement, il n’était pas envisageable de la réintroduire dans la nature, car née en captivité, elle serait incapable de survivre. D’autre part, Sandra est un croisement entre un orang-outan de Sumatra et un orang-outan de Bornéo, une « métisse » qui n’aurait été acceptée ni chez les uns ni chez les autres, selon María Eugenia Dahlah, une éthologue qui fait partie du groupe de soigneurs, citée par le Courrier international. C’est pourquoi il a finalement été décidé qu’elle rejoindrait les Etats-Unis pour couler des jours heureux, nous l’espérons.

Une espèce au bord de l’extinction

Pour rappel, la situation à l’état sauvage des grands singes est alarmante: deux espèces de gorilles et deux espèces d’orangs-outans sont au bord de l’extinction, selon le dernier bilan de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Le chimpanzé et le bonobo sont considérés comme en danger d’extinction.

Le philosophe australien Peter Singer a créé en 1993, avec la philosophe italienne Paola Cavalieri, le « Projet grands singes » afin de réclamer pour eux le droit à la vie, la liberté et l’interdiction de la torture. Aux Etats-Unis, l’avocat Steven Wise se bat depuis plusieurs années pour que des chimpanzés soient reconnus comme des personnes. En Argentine, la femelle chimpanzé Cécilia a également bénéficié d’un jugement argentin, lui donnant le droit de ne pas être emprisonnée sans jugement en vertu de l’Habeas corpus.