Animaux domestiques, interview

« Sans Attache », des chevaux et des humains libérés

chevaux « Sans Attache », des chevaux et des humains libérés 2019 Photos Sans Attache for Press 25 Christopher Pitout 940x590

Interview réalisée en juin 2019, publiée dans le magazine Animaux Bonheur n°21, été 2019

En juin et juillet 2019, le film documentaire « Sans Attache » sera projeté au cinéma en France et en Belgique. Un voyage initiatique en compagnie des chevaux que nous invite à faire la réalisatrice et photographe équine Leïla Pagès.

Votre film documentaire s’intitule « Sans attache, des chevaux et des humains libérés » et a pour vocation de changer notre regard sur le cheval, de le voir autrement que comme un objet de loisir. Qu’est-ce qui vous a amenée à vouloir traiter ce sujet?

Leïla Pagès – Mon inspiration première pour réaliser ce documentaire est venue après avoir visionné le documentaire Blackfish, qui  relate l’attaque d’un orque qui a tué son entraineuse dans un parc aquatique. Au début, on ne comprend pas ce comportement dangereux et agressif. Puis tout au long du film, on apprend comment les orques vivent dans leur milieu naturel, leurs codes, besoins et modes de vie. On comprend alors les causes de l’accident : il n’est pas normal pour un animal si imposant d’être enfermé dans un minuscule bassin aseptisé, condamné à subir des conditions difficiles pour amuser les foules. Le spectateur s’indigne alors lorsqu’il découvre ce qui se cache dans les coulisses. 

J’ai réalisé qu’il en était de même pour les chevaux.

C’est à dire? 

Beaucoup de choses que l’on fait au cheval sont considérées comme banales pour le grand public, comme le fait entre autre de les enfermer 24h/24 dans un box, de les priver de mouvements et de contacts sociaux avec leurs congénères. En voulant bien faire, nous traitons les chevaux comme des humains, sans réaliser que leurs besoins primaires et leur mode de communication sont radicalement différents des nôtres. 

Combien d’entre nous se sont énervés après leur cheval, ont désespéré ou ont eu très peur lorsque leur cheval devenait hors de contrôle ! Trop souvent, on cherche à les contraindre encore plus pour étouffer le problème. Et lorsque les chevaux sont stressés, inquiets, en manque de liberté et de mouvement, ou en douleur, ils explosent.

Tout comme avec les orques, beaucoup d’accidents pourraient être évités dans le milieu équestre si on essayait d’offrir au cheval des conditions de vie plus proches de ses besoins primaires, et si on écoutait ses signaux de détresse. Selon moi, il existe encore une incompréhension extrême entre nos deux espèces.

Mieux comprendre le cheval pour mieux se comprendre chevaux « Sans Attache », des chevaux et des humains libérés 2019 Photos Sans Attache for Press 5 Leila Pages 1024x683

Quel est le déclic qui vous a décidé à vous lancer dans cette aventure ?

Après des années passées dans le milieu des centres équestres où l’on cherchait à dominer le cheval à tout prix, j’ai cherché une autre approche. Adolescente, j’ai découvert les “chuchoteurs”, ces cow-boys différents qui paraissaient pouvoir tout obtenir de leurs chevaux en totale harmonie,  et j’ai souhaité apprendre leurs méthodes. J’ai beaucoup expérimenté par moi-même, mais sans encadrement cela devenait dangereux, j’en suis même arrivée à me faire casser la mâchoire par un cheval… Malheureusement, il n’existait aucun enseignement en France à l’époque, et après des années de recherche, je me suis éloignée du milieu des chevaux car je ne m’y retrouvais plus. J’ai étudié dans le milieu de l’audiovisuel et je suis partie à Paris « faire carrière » en tant que monteuse vidéo. 

Après quelques années passées à travailler pour des chaines de télévision douze heures par jour, dans un “box” de montage devant deux écrans, j’ai réalisé que mon quotidien ressemblait fort à celui d’un cheval enfermé toute la journée, et je ressentais chaque jour un vide, un manque de sens. Il était temps de reprendre ma liberté. J’ai décidé de prendre une année sabbatique et de partir au Canada profiter des grands espaces. Là-bas, j’ai trouvé un job dans une écurie d’équitation naturelle, une manière plus respectueuse d’appréhender le cheval en apprenant d’abord à parler son langage. C’était ce dont j’avais toujours rêvé. 

J’ai alors suivi une formation intensive d’entrainement et enseignement avec Carole Lacroix pendant deux ans, et lorsque j’ai commencé à donner des cours d’équitation naturelle, j’ai vu la transformation intérieure que cela provoquait chez les élèves. Soudain, ils comprenaient des blocages qu’ils avaient dans leur communication avec leurs enfants, leur conjoint(e), leurs collègues… J’ai alors réalisé la grande capacité des chevaux pour nous aider à nous reconnecter à nous mêmes et à mieux communiquer avec le monde qui nous entoure. Et j’ai vu des chevaux épanouis, intéressés par leur relation avec les humains, curieux et sécuritaires. 

Voyant les effets extraordinaires de cette approche, j’ai eu envie d’aller plus loin et de pouvoir permettre au plus grand monde de savoir que cela existe. J’ai décidé d’allier mes deux passions, les chevaux et le cinéma, et avec ma caméra à l’épaule et mon sac à dos, je suis partie sur les routes pour réaliser le film Sans Attache.

A la découverte de nouveaux horizons chevaux « Sans Attache », des chevaux et des humains libérés 2019 Photos Sans Attache for Press 11 Leila Pages 1024x683

Pour réaliser ce film, vous avez beaucoup voyagé pour rencontrer des spécialistes de la relation humains-chevaux. Où êtes-vous allée ?

En voyageant autant et aussi loin, j’étais dans une recherche personnelle, avide de découvrir une relation plus harmonieuse avec les chevaux, mais aussi de montrer que le langage des chevaux est universel. Je voulais aussi découvrir à quel point notre culture et nos traditions influencent notre rapport au cheval, et quelles méthodes existent à travers le monde. Cela a commencé au Canada, puis en Belgique dans un lieu qui allie chevaux et découverte de soi, puis en Patagonie où j’ai vécu au milieu des gauchos, ensuite en Arizona à la rencontre des Navajos, et enfin au Costa Rica. Dans chaque lieu, je suis restée au moins quelques mois afin de vraiment m’imprégner de la philosophie de vie et de l’énergie des personnes et chevaux qui m’entouraient.

Quelle rencontre vous a le plus marquée ?

Chaque rencontre, équine et humaine, m’a énormément enrichie et touchée par son authenticité. Aller à la rencontre des Navajos entre autres m’a particulièrement émue. C’était une expérience unique, démystifiant l’image que l’on peut se faire des amérindiens, c’est vraiment un voyage qui touche l’âme. 

Les mois passés avec les gauchos d’Argentine et les ticos du Costa Rica m’ont aussi énormément marquée, car ce sont des cultures si différentes des nôtres. Cela m’a demandé beaucoup de facultés d’adaptation et d’ouverture d’esprit, mais grâce à eux, j’ai pu explorer ma relation à l’autre et comprendre leur vision du monde, tout comme avec les chevaux. 

Les ticos au Costa Rica sont proches de leurs chevaux chevaux « Sans Attache », des chevaux et des humains libérés 2019 Photos Sans Attache for Press 19 Leila Pages 1024x683

Qu’est-ce que la liberté selon vous? Comment libère-t-on un cheval, et soi-même par la même occasion?

Pat Parelli, un célèbre horseman, dit ceci : « Quand on enlève le licol ou la bride, il ne reste qu’une chose : la vérité ». Et j’ai pu expérimenter cela un grand nombre de fois! Lorsque j’ai commencé à travailler avec les chevaux sans outils dans un rond de longe, j’étais si frustrée lorsque le cheval ne faisait plus ce que je demandais…Lors de mes séances de travail, il y avait carrément des chevaux qui sautaient les barrières du corral pour s’éloigner le plus possible de moi! C’était la désillusion totale pour moi qui pensais avoir compris le langage du cheval, mais aussi une belle leçon…étais-je prête à accepter que le cheval ait une voix?

Alors, j’ai commencé à intéragir avec les chevaux dans des grands espaces, où ils pouvaient s’éloigner de moi autant qu’ils le voulaient. Petit à petit, il a fallu que je me regarde dans le miroir. Que j’accepte certaines parties de moi que je reniais, que je lâche prise sur mes objectifs et que j’écoute enfin ce que le cheval avait à me dire. Et là, quelque chose a changé en moi. J’ai accepté de me rendre vulnérable, accepté mes failles, mes faiblesses, mes parts d’ombre. J’ai accepté de ne pas pouvoir tout contrôler et j’ai ouvert mon cœur. Les chevaux ont tout de suite répondu à ce changement en me montrant que lorsque j’étais authentique, ils étaient beaucoup plus intéressés à être avec moi. C’était ma porte vers la liberté.

Une anecdote pour illustrer cela?

Ismaël, un des gauchos avec lequel je travaillais en Patagonie, m’observait monter à cheval sans mors (=partie de métal que l’on met dans la bouche du cheval), et il me regardait comme si j’étais volontairement montée dans une voiture sans frein, en se demandant pourquoi j’étais aussi inconsciente de faire cela. Puis un jour, piqué par la curiosité, il a eu envie d’essayer lui aussi. Nous sommes partis en randonnée à cheval, lui montant son cheval en simple licol. Et là, j’ai regardé médusée cet extraordinaire homme de cheval perdre ses moyens, devenir pâle, stressé, en panique car il ne parvenait pas à arrêter sa monture. Son cheval qui a senti ce stress, s’est mis à piaffer, et cela dégénérait. Avec un peu de coaching sur sa respiration et pour faire redescendre ses émotions, tout le monde s’est finalement calmé, le gaucho a retrouvé le sourire, s’est détendu et nous avons continué la balade dans le calme. J’ai alors compris l’impact de nos barrières mentales sur notre vie. Sa peur de ne pas contrôler avait pris le dessus, et tout a dégringolé. 

J’ai compris pourquoi tant de monde est effrayé à l’idée d’essayer quelque chose de nouveau, d’écouter sa petite voix intérieure, de “lâcher les rênes”. Notre illusion de contrôle sur notre vie est similaire à l’illusion de contrôle que nous avons lorsque nous pensons retenir un animal de 400 kilos avec un bout de métal et une corde de cuir. Mais lorsqu’on lâche prise et qu’on accepte de ne pas tout contrôler, on se défait de nos peurs et quelque chose se libère en nous. 

Selon vous, les chevaux peuvent donc nous enseigner la liberté?

Oui, je pense que les chevaux nous enseignent cela avec brio! Animaux de proie par excellence, ils ne passent pas leur temps à stresser en se demandant s’ils vont être mangés demain ou bien à ruminer l’injustice que représente le fait d’être un animal de proie. Ils profitent de la vie, dans le moment présent. Pour moi, c’est aussi cela la liberté. C’est pour cela que j’ai appelé le film « Sans Attache », cela représente le fait de n’utiliser aucun outil pour “attacher” le cheval, je ne peux donc pas le forcer à rester près de moi.

Sans Attache, pour moi, c’est être libre d’être qui je suis, libre de me tromper, libre d’accueillir chaque moment avec son lot de surprises, libre d’expérimenter, libre de mes peurs. Et c’est ce que m’ont appris les chevaux.

Dépasser ses peurs et faire confiance au cheval chevaux « Sans Attache », des chevaux et des humains libérés 2019 Photos Sans Attache for Press 39 Sally Nilsson 1024x768

La maltraitance envers l’animal et le cheval peut prendre de multiples formes. Pensez-vous que l’équitation soit une forme de maltraitance?

Pour moi, la discipline ou la méthode que l’on utilise importe peu. Quelle que soit notre approche, il est très facile de critiquer l’autre. Je ne pense pas qu’une approche soit meilleure qu’une autre, l’important étant l’essence de notre relation avec le cheval. J’ai déjà vu des chevaux éteints en équitation dite “éthologique” ou “douce”, et des chevaux épanouis en équitation classique. Et inversement. 

Il est vrai que ma propre expérience de l’équitation en centre équestre n’a pas été très épanouissante, et que le modèle du centre équestre traditionnel entraine parfois des abus, les chevaux peuvent être utilisés comme des machines, les harnachements utilisés peuvent parfois être très sévères, et les chevaux n’ont pas forcément les conditions de vie qui correspondent à leurs besoins. On sous-estime également beaucoup la maltraitance émotionnelle à laquelle les chevaux peuvent être soumis, et souvent, malheureusement, on ne sait pas comment faire autrement. 

Après mes voyages, j’ai compris que tout est question de perception, et nous avons tous un filtre différent. La plus belle chose que nous puissions faire, c’est de faire de notre mieux, de savoir se remettre en question, de garder un esprit ouvert, bienveillant et surtout une soif d’apprendre. Avec Sans Attache, je tente à mon échelle de créer des ponts entre les chevaux et les humains, car je rêve encore d’un monde équestre où tout le monde partage ses connaissances et découvertes, sans doctrine, sans jugement, dans l’ouverture et l’acceptation de l’autre.

Il est possible de monter à cheval sans l'exploiter chevaux « Sans Attache », des chevaux et des humains libérés 2019 Photos Sans Attache for Press 48 Nicolas Repolle 1024x683


Quel conseil donneriez-vous aux personnes qui côtoient les chevaux et qui souhaiteraient avoir une relation dépourvue de domination avec eux?


Malheureusement pour lui, le cheval n’est pas un animal domestique comme les autres. Premièrement, c’est un animal de proie, et non un prédateur. Et comme entretenir un cheval coûte cher, on attend de lui une certaine “rentabilité”, il faut pouvoir le monter, lui “faire faire” des choses. Ce qui n’est pas forcément le cas d’un chien ou d’un chat. Et dès que l’on cherche à “obtenir” quelque chose du cheval, on a une autre forme de relation, on lui demande d’entrer dans notre monde humain qui est très différent du sien. Quelque chose de très banal pour nous peut paraître très dangereux ou stressant pour lui. Et c’est un animal puissant qui peut facilement nous blesser et se blesser s’il panique. Il est donc notre responsabilité de l’équiper émotionnellement pour l’aider à vivre sereinement dans notre environnement qui n’a pas forcément de logique pour lui, de prendre le temps de lui expliquer nos règles et ce qu’on attend de lui.

Souvent, sous prétexte de n’utiliser aucune “domination”, nous tombons dans l’évitement, comme celui d’instaurer des règles par exemple. Beaucoup s’imaginent que l’équitation des “chuchoteurs” est très douce, mais cela demande aussi de la fermeté et des règles, tout comme dans le monde des chevaux. 

Il y a des règles à respecter …

Oui, comme dans l’éducation d’un enfant, si je n’instaure aucune règle pour ne jamais contrarier l’enfant, je n’instaure pas de cadre et donc pas de sécurité. Un cheval est un animal puissant et s’il réagit avec nous comme avec un congénère cheval, nous pouvons nous mettre en danger. Il faut donc s’assurer d’instaurer la sécurité entre humains et chevaux. Par contre, cela ne veut pas dire être agressif ou abusif, cela peut se faire dans le respect de l’intégrité du cheval et la notre.

Pour cela il est aussi important d’être entouré par des professionnels compétents, et de trouver des personnes qui correspondent à notre recherche. Comme pour toute relation équilibrée, cela nous demandera également d’être prêt à travailler sur nous-mêmes, et d’investir du temps et de l’énergie pour avoir une relation authentique avec le cheval. Est ce que je viens juste monter sur le dos de mon cheval une heure par semaine ou est ce que je passe du temps avec lui sans rien lui demander, juste pour être ensemble? 

Il est aussi important de savoir s’écouter. Je remarque que dans le milieu équestre, il y a beaucoup de culpabilisation du propriétaire, qui devrait faire comme-ci ou comme ça, mais parfois il est bon apprendre à se faire confiance et écouter son intuition. On cherche souvent une méthode, un gourou, un manuel dans lequel nous trouverons toutes les réponses. Mais chaque relation est un chemin, et nous devons nous autoriser à faire des erreurs pour apprendre. Chaque connexion est unique, et nous construisons la relation à notre image, selon nos propres valeurs. L’important est de se respecter et de respecter son cheval, toujours faire de notre mieux et rester dans l’écoute.

Les chevaux sont de véritables miroirs chevaux « Sans Attache », des chevaux et des humains libérés 2019 Photos Sans Attache for Press 42 Nicolas Repolle 1024x683

On parle d’intelligence émotionnelle et sociale chez les chevaux, qui doivent être attentifs aux émotions des autres pour survivre. Pouvez-vous raconter votre expérience personnelle où un cheval vous choisit au cours d’un stage au Costa Rica ?

Les chevaux sont en effet des merveilleux enseignants en ce qui concerne les émotions, comme on peut le voir dans le film. J’ai découvert cela lors d’un stage de Mieux Être Facilité par le Cheval au Costa Rica avec Eponicity en tant que participante il y a quelques années. 

Le premier exercice était simple : tous les participants étaient assis sur des chaises en cercle dans un manège, les yeux bandés. Après nous avoir fait faire une séance de relaxation, les animatrices du stage amenaient les chevaux un par un et les faisaient passer devant chaque participant pour qu’ils choisissent l’humain avec lequel il souhaitait travailler. Cela paraissait complètement incongru! Et pourtant lorsque l’on vit l’expérience de l’intérieur, c’est très fort.

Les chevaux ressentent les émotions chevaux « Sans Attache », des chevaux et des humains libérés 2019 Photos Sans Attache for Press 56 Leila Pages 1024x683

Lors de cette expérience, assise les yeux bandés sans bouger, j’ai perdu la notion du temps. J’étais incapable de dire si j’étais là depuis cinq minutes ou une heure. Et puis tout d’un coup j’ai senti une vague de chaleur dans tout le corps, je me suis demandée comment la température avait pu changer si vite. Quelques secondes plus tard, j’ai senti un souffle chaud au dessus de ma tête, et on m’a chuchoté à l’oreille que je venais d’être choisie. Ensuite, j’ai pu passer du temps auprès de ce cheval, JR, que je ne pouvais toujours pas voir. C’était très intéressant car quelque part, nos yeux nous amènent une part de jugement : il est grand, il est petit, il est brun, il est gris, il est trop comme-ci, pas assez comme-ça…. Là, j’étais simplement dans le “feeling”, c’était vraiment une rencontre de coeur à coeur. 

Bien entendu, je précise que ce genre d’expérience doit être faite dans un cadre sécuritaire (avoir les yeux bandés proche d’un cheval qui pèse 400 kilos n’est pas forcément une très bonne idée!) et Debbie et Sally, les équicoaches présentes, ont passé plusieurs années à peaufiner ce processus pour qu’il soit fait en toute sécurité. 

Comment expliquer que le cheval ressente aussi nettement nos émotions?

Des études commencent à montrer que notre champ électromagnétique, (l’énergie que nous dégageons qui est émise par le coeur) se modifie en fonction de nos émotions. 

Nous percevons tout cela, mais en tant qu’occidentaux, nous apprenons très tôt à ne pas y prêter attention. Et on peut tous penser à un exemple concret dans notre vie, lorsque quelqu’un autour de nous nous dit qu’il va bien alors que nous “sentons” bien que ce n’est pas le cas. Ou lorsque l’on entre dans une pièce et que l’on sent une ambiance “lourde”. 

Très tôt, on nous enseigne à masquer nos émotions car il n’est pas forcément bien vu de les exprimer, et nous les catégorisons de manière “négative” ou “positive”. La tristesse ou la colère par exemple, sont considérées comme négatives. Mais même si nous apprenons à les masquer, les émotions restent présentes tant que nous ne les écoutons pas. 

Et il semble que pour les chevaux, c’est différent, car c’est une question de survie. Un cheval peut détecter le changement de rythme cardiaque d’un autre animal à grande distance. Ainsi il sait par exemple quand le prédateur se prépare à attaquer. Ou quand un autre cheval du troupeau est inquiet. Et pour lui, l’émotion est utile car elle donne une information. Par exemple, la peur donne comme information “Je suis en danger”, il est donc important de partir se mettre en sécurité. Une fois que c’est fait, le cheval retourne à sa vie normale et repart brouter. Imaginez si nous pouvions avoir ce rapport avec les émotions! 

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Pensez-vous que les chevaux peuvent aider les humains à aller mieux, à dépasser leurs traumatismes émotionnels et à vivre plus en accord avec eux-mêmes et avec les autres ?

Bien sûr, la preuve en est du nombre grandissant de recherches faites avec les vétérans de guerre et les personnes ayant subi des traumatismes très lourds qui font de la thérapie accompagnée par le cheval, les prisonniers aux États Unis qui s’occupent de mustangs sauvages, les personnes en situation de handicap qui font de l’équithérapie… 

Depuis deux ans que je coanime des stages en équicoaching, je suis toujours sidérée et émerveillée de la capacité qu’ont les chevaux à percevoir avec une acuité extrême les émotions les plus enfouies en chacun de nous, et à quel point ils peuvent nous aider à nous reconnecter à nous-mêmes, à notre environnement et aux autres. En nous aidant à accepter nos émotions, ils nous guérissent des traumatismes.

Quels sont vos projets en cours ?

Je souhaite aller toujours plus loin dans ma quête de comprendre les chevaux et leur lien avec les humains, et bien sûr je souhaite continuer à voyager pour découvrir de nouvelles cultures et de nouvelles approches. Je consacre également de plus en plus de temps à l’enseignement en donnant des cours et stages en Europe et au Costa Rica afin de partager tout ce qui m’a été généreusement transmis par les humains et les chevaux…et pourquoi pas un prochain film!

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Crédit Photo : Leïla Pagès/ Christopher Pitout /Ronald Perez Rojas /